Eddy de Pretto, la nouvelle génération du rap français

Cet été, lors du Festival Les Déferlantes à Argelès sur Mer, nous avons rencontré et discuté avec l’une des révélations musicales de l’année. Depuis, Eddy de Pretto a réédité son album Cure avec un nouveau nom : Culte et quatre titres inédits.  On le retrouve samedi 24 novembre sur la scène du Mediator à Perpignan. Retour sur son interview …

  • Où puisez-vous votre inspiration ?

« J’ai envie de raconter tous mes ressentis, tous mes questionnements, toutes les choses qui suscitent en moi  des brûlures. Des choses qui sont profondes et j’ai envie de les sortir, de mettre mes tripes sur la table. Je pense que c’est ça, c’est des expériences, des témoignages de ce que je vis dans les fêtes, dans la vie tout simplement. J’aime raconter le plus précisément l’infiniment petit de tout ce que je ressens. Et j’essaie d’être le plus précis dans ce que j’ai envie de raconter. »

  • Comment se passe votre processus de création ?

« C’est très lent. C’est beaucoup de réflexions en interne, dans le psychologique. Je laisse vraiment les tripes me guider, dans le sens où je me laisse aller à beaucoup d’observations, de sensations et ensuite s’il y a des phrases qui viennent, une fois que je suis en studio et que j’ai le temps, j’approfondis les thèmes et je creuse pour arriver à quelque chose de précis. »

  • Qu’est ce qui vous rend heureux dans la vie ?

« Je dirais la scène, le sexe et le fête. »

  • Comment on arrive à occuper des scènes aussi grandes qui sont prévues pour de très grands groupes ?

« Déjà, il y a la technique que j’ai gagné quand j’ai fais tous mes cours de théâtre : la projection sur scène, l’équilibre, occuper l’espace. Automatiquement, en fait, il y a un truc qui me fait, que plus les salles sont grandes, plus j’ai l’impression de me grandir et consciemment et inconsciemment j’ai l’impression de devenir assez suffisamment monstre pour tenter d’occuper l’espace et d’attraper tous les gens. Mais après, c’est une technique de base, il a les déplacement et puis il faut pas rentrer avec une certaine modestie. Il faut y aller avec une certaine assurance et sentir que c’est toi qui va manger les gens et non pas eux qui te mangent. »

  • Pourquoi cette volonté d’être totalement cash et de dire les choses comme vous les voyez sans filtre et d’une manière un peu crue ?

« Parce que je crois simplement avoir cette personnalité là. Aimer vivre les choses de base sans demi-mesure. Je n’ai jamais trop aimé ce sentiment de se préserver. Comme la fête, j’aimais aller au bout de la fête et de voir où sont ses limites. Dans les limites et les travers, tu vois justement toutes les limites de soi. Tu te rends comptes dans ta tête de toutes les questions que ça peut susciter d’être dans le bout de quelque chose. C’est là où je vais piocher les fonds de mes pensées et de mes réflexions de ce que je suis et de comment je vis avec les autres.

Ensuite, parler de manière crue et directe, je pense que c’est ma manière de m’exprimer aujourd’hui. J’aime le précis, j’aime que ça claque. Il y a aussi pas mal de jeux de mots en français qui vont claquer et qui vont permettre d’être le plus précis et le plus juste à mon sens sur ce que je veux  dire. Et je pense que cette façon de parler m’aide. »

  • Vous abordez des sujets comme l’homosexualité, les relations hommes-femmes, comment vous vivez le fait d’être un peu le symbole d’une nouvelle génération plus ouverte ?

« Je ne le vis pas du tout. Je ne le sens pas et je ne veux pas le sentir. Ça me mettrait beaucoup trop de pression. J’essaie de rester le plus distant vis à vis de ça et de me dire que j’ai envie de continuer à raconter l’infiniment petit de ce qui m’arrive, de ce que je vie. Mais, l’icône, tout ce que ça peut créer, le fanatisme, j’essaie de l’écarter le plus de moi. Je pense que c’ est des choses qui peuvent énormément fragiliser. »

  • Vous exprimez souvent une violence dans vos textes et par rapport à cela, est ce qu’il peut y avoir des limites ?

« C’est une question à laquelle je suis amené à me poser. Et c’est très intéressant ! J’aime me dire non, je n’ai pas envie de céder à une quelconque censure ou le « qu’en-dira-t-on », à ce qui est moralement possible ou impossible de dire. J’aime justement traiter de ces sujets comme la virilité et je ne me suis jamais dis « comment les gens vont le prendre ? ».  Donc non il n’y a pas de limites et je n’ai pas envie de céder à ça. Et j’espère avoir d’autres sujets à traiter qui soient aussi subversifs. »

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